Le loup dans la bergerie [PV Chester]

Été, 2025.

Les animaux que les humains appelaient des chats étaient intriguant mais ils avaient une chose pour décrire l’état de Trenton ; le ronronnement. Si le jeune mâle avait pu, il se serait mis à vibrer de plaisir pour exposer le fait que la caresse du soleil sur son visage lui faisait un bien fou. Même si ce cher messager n’était qu’à la lisière de la forêt et que les ombres que projetaient les immenses ramures coupaient passablement les rayons. Oui, les félins étaient des animaux fascinants à ses yeux vairons. Tout autant que les cervidés qui paissaient paisiblement sous son museau. La distance aidant, le grand chef, dont le nom lui échappait complètement, ne pressait pas ses troupes à fuir. Même si le canidé prune sentait glisser sur lui des regards inquiets.

Bien assis tranquillement, le lupin jetait de temps à autres un coup d’œil sur l’animal à la ramure impressionnante. Trent’ se serait bien essayer à la discussion, cependant il ne risquait pas de se croiser de près. Obligé d’opter pour la solitude, quelle tristesse. Peut être qu’on l’avait entendu, c’était possible, une présence familière se fit sentir. La douce et délicate présence d’un de ses frères et non des moindres. Pourtant le mâle ne voyait rien qui puisse ressembler à sa fratrie.

Ils lui avaient bien manqué pourtant, un temps qui lui parut durer des années tout ça à cause de la vanité d’une très chère petite garce. Cette fois ci, Trenton n’avait pas fait l’erreur de devenir garde. D’un côté ça le tuait de ne plus rester H24 avec la petite bande, de l’autre, le messager désirait faire le moins de vague auprès de la famille royale. Un bruissement le tira de ses songes passés. Trent’ tourna vivement sa caboche tricolore pour balayer du regard les buissons et autres végétaux.

La voix rauque et vantarde de Chester, ça faisait longtemps. Trenton regarda avec pitié la pauvre animale victime de la bourrinattitude du mâle trapu. Puis il retourna sur son cher petit frère qui jeta, en plus des jurons, la carcasse déglinguée à ses pattes.

« Quelle belle prise ! »

Fit-il un brin sarcastique.
Il n’était pas le meilleur chasseur mais certainement moins brutal. Et le défi était bien tentant.

« Tu lui as bien volé dans les plumes à celui là. »

C’était vraiment peu dire. Encore heureux que ce fou ne se soit pas jeté dans la clairière à courir après les faons. L’image de la scène de barbarie lui traversa l’esprit et le fit frissonner. Mais son impassibilité faisait des merveilles et lança pour vanner le garde :

« La prochaine fois, tu pourras tenter de ne pas l’abimer et tu passeras chasseur. »

Trenton laissa s’échapper un petit ricanement et enchaina pour ne pas laisser le temps à son frère de répondre.

« Je vais te prendre au mot, je vais tenter de faire mieux Ches’. »

Adressant un sourire à ce dernier, Trent’ s’engouffra dans les premières strates de la forêt. Il ne fallait pas longtemps pour dénicher du gibier. Une perdrix bien dodue et apeurée s’offrait à lui. La chopper fut simple mais l’achever proprement plus rude. Il dut lui casser une aile avant de réussir à passer ses crocs sur son cou. Un craquement à peine audible et quelques minutes plus tard, il revint aux côtés de l’autre loup. Le messager lança aux pattes trapues de son frère le petit être sans vie.

« Alors monsieur le juge ? »