Uncover. | feat. Zanka

Victoire regarda par la fenêtre de la petite jeep, n'écoutant que d'une oreille les discussions entre les deux dresseurs qui étaient en charge de l'opération d'aujourd'hui.

Un villageois d'Astran en vadrouille dans le domaine avait rapporté qu'il avait vu un loup blessé récemment, et après s'être fait enguirlander par le big boss pour avoir mis les pieds au delà du territoire réservé aux hommes et avoir franchi la clôture électrique, Armane avait demandé à quelques personnes du Centre d'aller jeter un oeil. Deux dresseurs s'étaient portés volontaires, et avaient demandé la présence d'un vétérinaire dans l'hypothèse où, s'il y avait vraiment un animal blessé, ils aient moyen de faire les premiers soins. Après tout, il y avait tant d'animaux dans cette réserve, et toutes les blessures n'étaient pas sans gravité...

La rouquine profitait du vent dans ses cheveux, et ferma les yeux comme le soleil inondait sa peau. Il faisait frais aujourd'hui, mais Victoire portait son éternelle tenue : blouse, jean, manches longues, prête à agir dans la nature. Elle serrait d'une main sa mallette de produits vétérinaires, de l'autre un pistolet-arbalète maniable d'une seule main, qui contenait une seringue d'un produit anesthésiant. On ne savait jamais jamais comment réagirait l'animal en face...

La Jeep s'arrêta soudain dans les plaines jaunes, et tout le monde descendit de la voiture. L'un des deux dresseurs prit son matériel et partit dans une direction, tandis que l'autre adressa la parole à la vétérinaire.

" Tu nous appelles si tu trouves quelque chose, okay Vicky' ?
- Compte sur moi ! "

La dénommée avait répondu avec un sourire, ses cheveux attachés en longue queue de cheval battant au vent. Elle partit vers l'Est, observant avec précautions ses alentours, cherchant du sang, des poils, ou n'importe quel indice permettant de retrouver l'animal blessé.

(J'ai édité, désolée j'avais oublié, merci du rappel ♥)

Victoire entendit le grognement avant de voir l'animal dont provenait le bruit.

La vétérinaire se tourna doucement vers le buisson qui avait bougé, et se retrouva dans un silence admiratif en observant la louve qui se tenait face à elle. Un beau morceau de Sörrom, pas vraiment grande mais fine et musclée ; une majorité de pelage brun foncé, un collier et des pattes gris clair. Ses yeux n'étaient pas spécialement brillants, d'une couleur typique des animaux aux yeux clairs, un vert terne, un peu marécageux.

Elle venait de lui grogner dessus, sûrement intimidée par sa présence. Après tout, les humains ne venaient pas souvent dans la Réserve....à vrai dire, c'était même l'objectif premier ! Ce qui était sûr, c'est que celle-ci n'était pas passée par le centre de recherches, car Victoire n'en avait aucun souvenir.

La jeune femme mit un genou à terre, posant sa mallette à côté d'elle afin d'avoir sa main gauche de libre. Sa main droite tenait le pistolet-arbalète, mais elle le gardait bien posé au sol. Elle n'avait pas l'intention de s'en servir, mais elle savait qu'ici, ce n'était pas elle qui était dans son droit. Elle fit un signe de la main pour former un semblant de "barrière psychologique" entre elle et la superbe créature.

La louve face à elle ne comprendrait probablement pas ce qu'elle disait -les chiens reconnaissent les mots, mais pas les concepts derrière après tout-, mais elle garda une intonation douce. Après tout, les animaux se basaient beaucoup sur les attitudes pour déterminer les intentions des bipèdes. Tant de barrières de communication...

" Salut toi ! Je ne te veux aucun mal, ne t'inquiète pas. Je cherche juste un loup blessé. "

Le coeur battant, Victoire détourna le regard. Chez les chiens, c'était un signal d'apaisement. Elle ne savait pas exactement si les loups répondaient aux mêmes signaux, mais il était toujours préférable de ne pas chercher à confronter un animal sauvage menaçant !

Elle espérait que la louve la laisse passer sans l'attaquer.

La louve se mit à tourner autour de Victoire avec de grands pas gracieux et souples, ne la quittant pas un instant des yeux. La jeune femme se força à rester calme : après tout, les animaux ressentaient les émotions en décuplé, donc plus elle stresserait, plus l'animal face à elle monterait en pression. Mais quand même, la situation était bien délicate...

Victoire entendit la créature grogner à nouveau, le tout suivi par un éternuement. Elle semblait attirée par sa mallette -ce qui n'était pas étonnant, vu les remarquables friandises appétantes qui se trouvaient dedans pour amadouer les animaux sauvages- mais la vétérinaire ne pouvait pas se permettre de laisser ça derrière elle et de partir. Il y avait un animal blessé dans la nature, qui avait saigné, peut-être longtemps, et elle devait le retrouver.

Elle entendit alors le talkie-walkie dans sa poche grésiller, et la voix d'un des dresseurs.

" Vicky, on a trouvé du sang vers le nord, rejoins nous ! "

Et je vous rejoins comment, les cocos ?

" Je vous rejoins quand j'ai fini ici ! "

La rouquine tendit lentement la main pour récupérer sa mallette, et commença à se lever. Elle espérait que la louve ne se montrerait pas surprise ou apeurée par le bruit du talkie-walkie et qu'elle n'aurait pas plus d'animosité.

La louve ne réagit pas avec violence, et Victoire put se lever correctement sans aucune attaque. L'animal grogna doucement, peut-être du stress, ou une menace plus dissimulée. Un avertissement sûrement. Au moins, elle ne l'attaquait pas, et c'était fort appréciable ; elle aurait détesté devoir se servir d'un tranquillisant sur un loup qui était visiblement en parfaite santé.

Victoire tenta d'avancer avec précaution vers la forêt -c'était plus rapide pour rejoindre les autres- mais d'un geste souple, la louve se plaça en gardienne, montrant les crocs, ne lâchant pas ses yeux marron, du défi dans le regard. Le message fut vite compris : je passe, je me fais bouffer. Pestant un peu intérieurement, elle entreprit de contourner le bois, rallongeant son chemin. Elle saisit son talkie-walkie, envoyant un message aux dresseurs.

" Ca va prendre quelques minutes de plus que prévu, une louve m'a bloqué le passage du bois. J'arrive au plus vite! "

La Vétérinaire se refusait à courir de peur de déclencher un instinct de chasse chez le canidé qui n'était pas encore très loin derrière elle. Elle marchait donc vite, couverte à l'ombre par l'orée du bois. Le soleil tapait sur les plaines, et elle ne tenait pas à faire une insolation. Après de longues minutes, elle entreprit de voir -enfin!- des formes brouillées par la chaleur.

" Vicky, par ici ! "

La dénommée s'aventura au soleil et rejoignit ses deux collègues, agenouillés auprès d'un loup plutôt maigre, élancé et dans les tons ocres, qui avait deux coussinets arrachés et une grosse blessure suintante sur la patte avant droite, presque ouverte à l'os.. Il avait du mal à bouger, mais son regard restait alerte et son poitrail se levait rapidement. Il était nerveux, comme pris au piège.

Victoire s'agenouilla aux côtés du loup, caressant son cou au poil fin. Elle se tourna vers les dresseurs et leur parla d'une voix douce mais un peu inquiète.

" Je vais l'endormir pour désinfecter le bobo rapidement, et après on l'emmènera au centre. Il a besoin qu'on lui répare ça. "

Avec une douceur infinie, la vétérinaire retira le calmant de son pistolet arbalète, et l'injecta en douceur au loup, qui couina et se débattit un peu avant de s'endormir. La rousse leva un instant les yeux sur l'orée du bois, se demandant si elle reverrait la louve colorée qu'elle avait croisé auparavant.

C'est l'esprit un peu troublé qu'elle entreprit ses premiers soins.