Nouvelle rencontre - Prise de bec ou pas ?

Nouvelle rencontre - Prise de bec ou pas ?

Un nuage passe, puis deux, puis trois… Ils sont de plus en plus sombres, jusqu’à prendre une teinte oscillant entre le bleuté et le grisâtre. A l’horizon, le soleil descend. Ne reste plus de lui que de légers halos roses, violets et un petit cercle orange. D’ici quelques heures la nuit ouvrira le bal des animaux nocturnes. Ceux qui inspirent tant de cauchemars aux humains, comme les chauves-souris ou les hiboux.

C’est le moment pour moi d’ouvrir mes grands yeux noirs et de sortir la tête de mon plumage clair.
Je sautille sur une grande poutre du grenier dans lequel j’avais logé durant la journée et je rejoins le petit orifice qui m’avait permis d’entrer. C’était une grande fissure, certainement causée par le temps. Je reste un instant perchée sur le rebord et observe les environs. Les humains regagnent petit à petit leurs logis.

Je pousse un de ses petits cris aigüe que poussent ceux de mon espèce et entreprend de lisser mon plumage. Les étendues boisées au loin m’attirent mais je ne suis pas encore tout à fait sûre de moi …
D’un autre côté, mon ventre commence à gargouiller et je commence à avoir très faim.
Une petite partie de chasse s’impose. J’avoue qu’un rat ou deux ne serait pas de refus.

D’un bond agile, je m’élance du petit rebord et je quitte mon nid pour me mettre en quête de nourriture comme me l’ordonne mes instincts de chasseuse. Si je n’avais pas eu aussi faim, j’aurais encore pu attendre que mon fauconnier me serve mais malheureusement, il le fait de moins en moins. Il souhaite vraiment me voir indépendante des hommes.

Après avoir survolé le village et quelques lieux occupés par les humains, j’atteins enfin la verdure de la forêt. Je m’enfonce silencieusement dans celle-ci, comme un fantôme. Pouvoir voler après tant de temps immobilisée me donne une véritable sensation d’allégresse et, insouciante, je poursuis mon chemins à travers les épais feuillages et branchages.

Après quelques instants de cabrioles et acrobaties aériennes, je retrouve mes esprits. Trop tard même… Je me retrouve perdue et une épaisse couche de brume recouvre le sol.
Je persiste malgré tout à avancer, mon ventre criant famine.
Au milieu de cette nappe de brume, comme un miracle, un petit ruisseau s’écoule et la visibilité y est un peu plus claire.

Je me pose sur une branche et observe l’endroit. La vie y est assez active pour les petits animaux et je ne tarde pas à repérer un petit mulot occupé à se nourrir lui-même. Je le fixe un long moment, légèrement penchée vers l’avant et d’un battement d’aile silencieux, je fonce sur ma proie.
Malheureusement, la tâche s’avère plus ardue que lors des spectacles auxquels je participais avant.
Je ratte ma cible.

Agacée et sentant la présence d’un autre oiseau pas loin, je retourne sur ma branche et attend en silence.